En septembre 2023, à l’invitation de Interférence Arts et Technologies, j’ai pu explorer pour la première fois la caméra 360° (modèle INSTA 360 PRO). 

Cette première exploration avec une technologie nouvelle pour moi m’a donné l’idée d’un projet, dont je vais réaliser la première étape à Recto Verso en septembre 2024. 

Le film est une recherche sur la fugacité des choses et l’illusion de la permanence. Au fil du temps, nous sommes témoins de la fugacité des choses, de la manière dont le monde qui nous entoure est en constante évolution, et comment, dans cet état de flux perpétuel, de nombreuses réalités nous échappent. Cette fugacité nous rappelle la fragilité de la perception humaine. Nous percevons le monde à travers un prisme subjectif, limité par nos sens et nos expériences. De nombreuses réalités nous échappent tout simplement parce que nous ne sommes pas équipés pour les appréhender. Ainsi, la fugacité des choses nous rappelle que la vie est une danse infinie entre le temps qui passe et les mystères qui nous échappent. Les arbres de la forêt viendront ainsi apporter un contrepoint à cette notion de fugacité, de par leur stabilité. Le film jouera ainsi sur le dialogue entre les mouvements des corps et l’assise du végétal.

En jouant visuellement avec l’apparition et la disparition des interprètes dans le champ de vision du spectateur, ainsi que sur la continuité / discontinuité du récit chorégraphique, le film veut tester la perception du spectateur, tout en mettant en lumière ce que l’on garde en mémoire, ce qui sous-tend, mais également les attentes, les frustrations et les joies éphémères ressenties face à ce qui est donné à voir.

Le dispositif du film 360° amène le spectateur à devoir faire des choix quant à ce qu’il regarde. En pivotant sur lui-même il se déplace dans l’univers circulaire virtuel qui lui est offert, guidé par ce que ses yeux peuvent observer. Si cet espace virtuel se dérobe à lui ou ne s’offre pas entièrement à lui, cela lui demande de faire un effort supplémentaire d’observation. Ainsi, pour ce film, les choix de prise de vue et de montage feront en sorte que le le spectateur sera toujours dans l’expectative de ce qui va se produire, ainsi que de l’endroit où cela va se produire dans son champ de vision circulaire.

Le tournage se fera dans l’obscurité. Des spots de lumière vont éclairer par flashs successifs. Ainsi les interprètes seront éclairés très brièvement et selon des séquences aléatoires, afin de figer leurs gestuelles à des moments précis de la chorégraphie. Ils vont ainsi disparaître et réapparaître dans les faisceaux lumineux. Le spectateur, dans son champ de vision à 360° ne saura donc jamais à quelle moment un(e) interprète apparaitra, se faisant ainsi constamment surprendre. Le projet inclut de travailler avec un(e) chorégraphe afin de créer une chorégraphie évolutive qui joue avec la répétition et l’accumulation de mouvements.